Paroisse Saint Loup


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Présentation de la doctrine sociale de l’Eglise

Intervention du père TRABAND, jésuite

Extraits : La dignité de l’homme et l’Evangile « Aimez-vous les uns les autres…. » ça a quelque chose à voir. La doctrine sociale de l’Eglise sans l’évangile est impensable. Donc l’évangile est évidemment le moteur de la question et l’évangile et l’économie ne sont évidemment pas sur le même plan.

Quand on regarde de près l’évangile, nous entrons dans une théologie morale c’est à dire dans une considération de la vie en société, de la manière de vivre et de considérer justement le respect de la dignité de l’homme, qui se conjugue avec la solidarité, avec la subsidiarité, avec la destination universelle des biens, et avec le bien commun comme principes d’action.

Je dirai avant, et ça j’y tiens beaucoup, la doctrine sociale qui n’aurait pas son fondement théologique sur la Trinité n’aurait pas de sens. Pourquoi ? Parce que la Trinité est le lieu de ressourcement, de relation et de sens.

L’amour trinitaire origine et fin de la personne humaine

Je puise ça dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise (1994). Compendium ça veut dire le Corpus, le résumé, tous les principaux axes, vous avez tout là-dedans.

La révélation dans le Christ du mystère de Dieu comme Amour trinitaire est en même temps la révélation de la vocation de la personne humaine. Cette révélation illumine la dignité et la liberté personnelle de l’homme et de la femme et la socialité humaine intrinsèque dans toute leur profondeur.

Dans la communion d’amour qu’est Dieu, en qui les 3 personnes divines s’aiment mutuellement, la personne humaine est appelée à découvrir l’origine et le but de son existence et de l’histoire.
Et dans Gaudium et spes, dans le concile, les pères concilaires enseignent que quand le Seigneur Jésus prie le Père pour que tous soient uns, comme nous nous sommes uns, il ouvre des perspectives inaccessibles à la raison et nous suggère qu’il y a une certaine ressemblance entre l’union des personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l’amour.

Donc l’homme est créé par Dieu, est né et sauvé en Jésus Christ, et tout ce qui se passe, les multiples relations qui sont tissées entre les hommes, des relations d’amour, de justice, de solidarité avec les autres, tout cela est animé par l’Esprit qui agit chez les croyants.

Le livre de la Genèse nous rappelle les fondements de l’anthropologie chrétienne. L’Esprit Saint est salut pour tous les hommes et pour tout l’homme. C’est un salut universel et intégral et donc il concerne les personnes dans toutes ses dimensions : spirituelles, sociales, personnelles, corporelles, historiques et transcendantes.

Donc vous voyez, ce n’est pas une doctrine, ce n’est pas un enseignement, c’est une doctrine et un enseignement. C’est surtout une expérience spirituelle... C’est l’évangile prolongé ou c’est une autre manière de parler de l’évangile.

La lettre encyclique Rerum Novarum de Léon XIII (1891), texte inaugural de la pensée sociale de l’Eglise.

Cette encyclique, écrite face à la montée de la question sociale, condamne « la misère et la pauvreté qui pèsent injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière » tout autant que le « socialisme athée ». Elle dénonce également les excès du capitalisme et encourage de ce fait le syndicalisme chrétien et le catholicisme social.

Rerum Novarum est le point de départ de toute l’Action Catholique. C’est la première fois que l’Église catholique devance les libéraux, elle reconnaît les droits des ouvriers et cautionne solennellement le développement pour un mouvement social. Au XIXème siècle, les enfants étaient exploités (comme on les exploite encore aujourd’hui dans nombre de pays), oppression, esclavage organisé économiquement, et l’ Eglise a mis beaucoup de temps à réaliser (ça existe bien avant 1891).

La propriété privée n’a jamais été condamnée dans la doctrine sociale de l’Eglise. Elle doit être au service du bien commun, c’est à dire que la propriété privée, oui, à condition de l’ouvrir aux urgences et de ne pas s’enfermer sur son tas d’or ! Léon XIII nous dit que la propriété donne un droit de disposer du fruit de son travail. L’abolir conduit donc à empêcher l’amélioration de la situation des ouvriers dans la mesure où ils ne peuvent pas disposer du fruit de leur travail. Il faut la garder sinon les ouvriers n’auraient plus de motivation pour travailler et on serait donc dans les kolkoses, dans le communisme pur et dur, où on n’avait aucune raison de travailler pour les autres puisque on ne touchait rien. Le travail et la propriété sont indissociables. Le pouvoir public doit rétablir le droit de chacun.

Ainsi le travail, la dignité, reposent sur la Genèse qui affirme que le travail reste lié à la souffrance et à la douleur, condamne les utopies qui nient cette réalité dure. On ne peut croire que le travail rend les gens parfaitement heureux. Ça ne suffit pas, mais ça peut y contribuer. Si on ne s’intéresse pas aux chômeurs, on n’est pas tout à fait dans le développement de la doctrine sociale de l’Eglise. Le syndicalisme a été pris en compte.
Les mouvements d’Action Catholique JOC, JEC, ACO, ACI, MRJC, MCC….…jusqu’en 1950 étaient la partie vivante des communautés chrétiennes qui impulsaient les paroisses et réciproquement. On ne pouvait pas concevoir le développement de l’Eglise catholique sans l’Action Catholique.

Quelques textes plus près de chez nous

- Mater et Magistra ; Jean XXIII 1961
- Pacem in terris ; 1963 sur la paix dans le monde
- Gaudium et spes - Joies et espérances ; concile Vatican II 1965
- Populorum progressio ; pour le développement des peuples 1967 Paul VI
- Redemptor hominis ; 1979, Jean Paul II sur la dignité humaine
- Deus caritas est ; 2005 Amour et Charité.
- Et le dernier : Caritas in Veritate ; en 2009 Benoît XVI
- Et la conférence des évêques en 1972 : Un texte remarquable, très concret « Pour une pratique chrétienne de la politique » : Attention pauvreté, face au chômage, changer le travail.

Vous voyez les fruits que ça a donnés, l’engagement social de l’Eglise. Vous avez le Secours Catholique. (1946), le CERA (centre de recherche d’action sociale), le CCFD, la société de St Vincent de Paul, les semaines sociales de France… C’est ça notre doctrine sociale de l’Eglise, elle est en œuvre, faut pas désespérer, les textes sont beaux.

Les principes fondamentaux

Donc le fondement pour la personne humaine est clair. L’homme est créé par Dieu à son image et à sa ressemblance. Il recèle quelque chose de mieux qui le place au-dessus de tous les éléments de la nature comme la liberté, la recherche des sens, la possibilité de comprendre ses origines. La dignité humaine possède un sens théologique qui n’est pas simplement un humanisme de respect mais qui signifie une relation fondamentale à Dieu.
Le respect de la vie humaine va évidemment avec.

L’Eglise tire 3 principes essentiels :

La solidarité :
Ce lien entre les personnes qui est une garantie de respect de notre humanité. Elle n’est pas un sentiment vague, mais une détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est à dire pour le bien de tous et de chacun parce que nous sommes tous vraiment responsables de tous. ( citation de Sollicitudo Rei Socialis Jean Paul II 1987 :le souci de la question sociale) Ça responsabilise pas mal, mais il y a urgence, besoin d’une bonne gestion économique… c’est un lien entre les sociétés. Et il n’y a pas de frontières.

La subsidiarité :
La subsidiarité règle les responsabilités des personnes dans la communauté en laissant la responsabilité au plus bas niveau possible et en ne faisant remonter au niveau supérieur que ce qui est vraiment nécessaire pour la gestion du bien commun. C’est un principe très très important sinon il y a écrasement. Il n’y a pas respect de la dignité.
Respecter les gens dans ce qu’ils savent faire et ce qu’ils sont.
La destination universelle des biens : Pour une répartition les biens à tous les habitants de la terre dans une volonté de respect de chacun.

Le bien commun :
C’est un principe général d’action, une sorte d’indicatif moral sur l’orientation de nos actions. Comment faire des choix dans l’agir ? On ne peut pas tout faire.

Conclusion

Pour une civilisation de l’Amour : Un nouveau besoin de sens est ressenti et vécu dans la société contemporaine.
L’Eglise répond aux interrogations de fond sur le sens et la fin de l’aventure humaine par l’annonce de l’Evangile du Christ, qui soustrait la dignité de la personne humaine à la fluctuation des opinions, en assurant la liberté de l’homme comme aucune loi humaine ne peut le faire.
Donc le concile a indiqué que la mission de l’Eglise dans le monde contemporain consiste à aider chaque être humain à découvrir en Dieu le sens ultime de son existence.

L’amour doit être présent dans tous les rapports sociaux et les imprégner.
Pour rendre la société plus humaine, plus digne de la personne, il faut revaloriser l’amour dans la vie sociale, au niveau politique, économique, culturel, en en faisant la norme constante et suprême de l’action.
Le chrétien le sait : l’amour est la raison qui fait que Dieu entre en relation avec l’homme. L’amour est de ce fait la forme la plus haute et la plus noble de relation des êtres humains entre eux aussi.
Seule la charité peut changer complètement l’homme.

Matthieu V : "Si votre justice ne dépasse pas celle des pharisiens…." ; " Ne jugez pas et vous ne serez pas jugé." ;
"Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux."

Donc, vous avez sur fond de béatitudes, la doctrine sociale de l’Eglise.