Paroisse Saint Loup


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Vingt-sixième dimanche du Temps Ordinaire – Année A

dimanche 01 octobre 2017 église Saint Jean-Baptiste de Vif

Il n’est jamais trop tard pour croire et agir en conséquence

Untel est comme ci, un autre comme ça, celui-ci vient d’une famille qui n’est vraiment pas intéressante, etc. Avouons que les jugements péremptoires que nous portons sur les autres, qu’il s’agisse de nos proches ou bien d’hommes publics, ne donnent pas toujours dans la nuance. Poser ces étiquettes nous rassurerait-il sur nous-mêmes en nous donnant l’illusion de sortir du lot ? Or ce n’est pas en nous limitant au souci de notre propre salut que nous accédons à la communion avec le Christ. Vivre dans son amitié c’est avoir en nous-mêmes les dispositions qui sont en lui ainsi que Paul l’affirme, avec tendresse, aux Philippiens. C’est donc être tout donnés, être tout orientés vers le salut et la vie de tous les hommes.
La Bonne Nouvelle c’est que Dieu n’est pas à notre image. Il ne nous confond ni avec la famille ni avec l’histoire dont nous héritons. A ses yeux, elles ne sont ni un faire-valoir dont on pourrait se recommander (comme les grands prêtres et les anciens du peuple le pensaient), ni un étau dont on ne pourrait s’échapper. Que celles-ci soient saintes ou ténébreuses, Dieu considère chacun pour ce qu’il est personnellement. Son regard sur les hommes est sans cesse actualisé. Il ne nous enferme pas dans nos refus, nos échecs, nos velléités, ni ne nous délivre de certificat définitif de bonne conduite. Avec lui, l’avenir est toujours ouvert, il s’écrit à chaque instant, et chaque seconde peut être l’occasion de se repentir, de se tourner vers lui. Du plus loin qu’il vienne (publicains, prostituées, etc.), celui qui croit à sa parole trouve toute sa place auprès de lui.
Selon une antique tradition d’Israël, Dieu est censé punir son peuple de manière collective et irréversible : Les pères mangent du raisin vert, et les dents des fils en sont irritées (Ézéchiel XVIII, 2). Or, s’il est indéniable que les jeunes générations doivent faire avec les conséquences des actes posés par leurs aînés, il est erroné d’y voir l’effet d’une volonté divine.
Par la voix des prophètes, Dieu affirme que chaque individu est responsable de sa conduite et doit en répondre tout au long de son existence. Son sort n’est pas scellé une fois pour toutes et il peut toujours choisir la vie.
Chacun est responsable de ses actes mais il n’est pas isolé dans sa citadelle. Les frères sont appelés à vivre dans la solidarité et le soutien mutuel en cherchant l’unité. Le Christ consentant par amour pour nous à prendre l’ignoble condition d’esclave est leur unique modèle.
Comme à son habitude, Jésus propose une parabole paradoxale, qui incite les auditeurs hypocrites à tourner leur regard en eux-mêmes, pour une introspection en conscience. Mais au-delà de la polémique mise en scène par Matthieu, nous sommes tous concernés par cette question vitale : qui fait la volonté du Père ?
Dire « oui » et ne pas faire, dire « non » et finalement faire… Être juste et se détourner de sa justice, être méchant et se détourner de sa méchanceté (1ère lecture). Comme toujours dans la Bible, il est possible de ne pas dualiser ce discours en catégorisant les personnages entre bons et méchants. Aucune des deux attitudes n’existe à l’état absolu, mais elles coexistent, à des degrés divers, en chaque homme.
Aussi Dieu fait-il montre de patience envers nous (1ère lecture) pour que chaque jour nous tournions notre regard en nous-mêmes et Le (re)découvrions dans nos profondeurs. Et cette patience de Dieu nous « espère », elle se propose autant de fois que nous trébuchons et tombons par nos fautes. Elle se propose à tous, et sans doute d’abord aux plus petits ou aux plus méprisés, aux publicains et aux prostituées, parce que ceux-là ne se croient pas justes, ou justifiés par leurs actes extérieurs, contrairement aux notables juifs de cette parabole.
Paul l’a bien compris dans son hymne aux Philippiens (2ème lecture), que les exégètes appellent « kénose » parce qu’elle parle du « Très-Bas », de l’anéantissement de Dieu en Jésus. Le pape François le rappelle : « Dieu s’est fait miséricorde en la personne de son Fils » (Lettre Apostolique Misericordia et misere). Ce fait inouï dans l’histoire de l’humanité devrait être le phare qui nous guide dans notre vie quotidienne : c’est par l’humilité que l’homme s’élève…

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Ézéchiel XVIII, 25-28 ;
Psaume XXIV (XXV) ;
Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens II, 1-11 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XXI, 28-32.