Paroisse Saint Loup


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Homélie pour la Vigile Pascale 2018

Samedi 31 mars en l’église St Jean-Baptiste de Vif

C’est Pâques et nous célébrons cette nuit la Résurrection du Christ ainsi que le baptême d’Anita. Mais quel sens ces deux mots de Pâques et de Résurrection ont-ils pour nous ? Tout d’abord, il est bon de savoir qu’en hébreu, le mot « Pâque » veut dire passage, passage d’un lieu à un autre, mais aussi passage d’une manière d’être et de vivre à une autre manière d’être et de vivre… Et puis, ne confondons pas résurrection avec retour à la vie car la vraie signification du verbe ressusciter est réveiller, faire apparaître ce qui était caché. Mais que s’est-il donc passé ce matin-là ?
C’est le premier jour de la semaine alors qu’il faisait encore sombre… Et c’est vrai, ni Marie-Madeleine, ni Pierre, ni l’autre disciple, n’y voient clair… ils n’y comprennent plus rien : « On a enlevé Jésus de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a mis. » Mais qui est ce « on » ? « On », c’est toujours celui qui est le grand fautif de ce qui arrive ; « on », c’est celui qui dérange, celui qui conteste… L’habitude veut que les corps des morts restent dans les tombeaux. L’ordre des choses veut que les tombeaux gardent les morts comme les coffres-forts sont faits pour garder l’argent, les réfrigérateurs pour garder les aliments et les photographies pour garder les images. C’est comme ça.
On voudrait tout garder, conserver. Alors, pourquoi avoir tout bousculé ?... Qu’est-ce que cela veut dire ?... Pourquoi le corps de Jésus n’est-il plus où on l’avait mis ? Jésus est désormais présent d’une manière nouvelle et cela peut être gênant. Rien n’est donc plus comme avant et tout se trouve bousculé. Et cette expérience est aussi vécue par Anita ! Cela est gênant comme lorsqu’on est invité à changer certaines habitudes ou à abandonner certaines idées sur Dieu ou sur la religion, comme lorsqu’on est invité à accueillir quelqu’un qui était rejeté de partout, comme lorsqu’on est invité à s’arracher à la rancune pour arriver à pardonner, comme lorsqu’on est invité à dépasser son égoïsme pour ouvrir ses mains ou son cœur. Mais c’est pourtant cela, la Résurrection ! Et la Résurrection existe quand un homme ou une femme choisit de ne pas s’enfermer dans un échec pour croire encore à l’amour, la Résurrection existe quand on s’efforce de dépasser l’indifférence pour poser un geste de charité chrétienne.
Oui, Pâques est ce passage d’une manière de vivre centrée sur soi-même à une manière de vivre ouverte sur les autres. Et c’est à cela que le Christ vivant nous invite, jour après jour. Pour nous, ressusciter, c’est, en quelque sorte, changer de vie ou plutôt changer de manière de vivre en se rendant soi-même meilleur. C’est le grand défi de toute vie chrétienne qu’Anita a déjà commencé à relever ! Mais cela ne s’apprend pas dans les livres ; cela s’apprend en acceptant de vivre tous ces passages qui vont de l’égoïsme à l’amour, de la division à la paix et de l’esclavage à la liberté. Ressusciter, c’est donner sa vie, donner de son temps, de son amitié, de sa confiance. Le Christ nous a montré le chemin…
Bonne et sainte Fête de Pâques !

Père Thibault NICOLET