Paroisse Saint Loup


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32ème dimanche du temps ordinaire, année B, à Vif

Dimanche 11 novembre 2018, église St Jean Baptiste à Vif

Dans l’évangile de ce jour, Jésus commence par dénoncer les scribes et leur hypocrisie. Les scribes, ce sont ceux qui savent lire et écrire, ils ont la connaissance, et ils savent interpréter les écritures. Comme nous le voyons souvent dans les évangiles, ils savent dire comment il faut se conduire. Et Jésus ne leur donne pas forcément tort sur ce point : dans l’évangile selon Saint Matthieu, il dit « faites donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire », mais il ajoute « mais ne vous réglez pas sur leurs acte car ils disent et ne font pas »... Ce que Jésus reproche aux scribes, c’est de ne pas vivre en cohérence avec ce qu’ils enseignent, de rechercher d’abord leur propre gloire, de ne pas soucier des pauvres et en particulier des veuves dont la condition était particulièrement difficile à l’époque, et c’est aussi l’abus d’autorité qu’ils peuvent exercer sur les autres.
C’est aussi ce que l’on pourrait parfois reprocher au prédicateur... s’il se place au dessus de ceux à qui il s’adresse, plutôt que d’indiquer comment on peut tous progresser ensembles !
Nous assistons ensuite avec Jésus au défilé des personnes qui viennent déposer leur offrande au temple. Les riches viennent déposer de grosses sommes, sans doute avec une certaine ostentation, puisque tout le monde semble le remarquer.
La somme déposée par les riches est sans doute bien utile à la vie matérielle du temple ! Mais ce n’est pas à cela que Jésus s’intéresse. Il remarque une pauvre veuve, venue déposer quelques piécettes... Une petite somme, quelques centimes qui ne vont pas ajouter grand chose aux ressources du temple, et qui fera peut-être râler la personne qui va ensuite compter le montant des offrandes ! Mais ce qu’elle donne est pris sur ce dont elle a besoin pour vivre, alors que bien d’autres ne donnent que sur leur superflu – et encore, une petite partie de celui-ci...
On peut trouver dérisoire son geste ! Elle donne une somme énorme pour elle, mais qui n’est qu’une goutte d’eau dans les finances du temple ! Ne rien donner ne changerait pas grand-chose pour le temple, mais lui éviterait des privations ! Et pourtant, elle ne rentre pas dans ces calculs, elle donne.
Si la pauvre veuve, donne, c’est qu’elle sait qu’elle donne à plus grand que le temple ! Elle donne à Dieu, et Dieu regarde le coeur de l’homme, pas le contenu de son porte-feuille. Elle apporte sa juste part à la vie du temple, aussi dérisoire soit-elle. Et en faisant cela, elle attire l’attention de Jésus, bien plus que les fortes sommes déposées par les riches.
L’offrande de la pauvre veuve me fait penser à la fable du colibri : la forêt est en feu, et le colibri prend des gouttes d’eau une à une dans son bec pour aller les jeter sur le feu. Aux autres animaux qui s’étonnent de voir son activité qui ne peut éteindre le feu, il répond : « oui, mais je fais ma part. ». Si chacun fait sa part, toute sa part, l’incendie finira bien par être éteint !
Alors, nous, faisons nous notre part, et comment la faisons nous ? Nous donnons sans doute pour l’Eglise, à travers la quête ou le denier de l’Eglise – et pourtant, tous les besoins ne sont pas satisfaits. Nous donnons aussi pour les pauvres, directement quand le pauvre est devant nous – comme c’est souvent le cas à Vif le dimanche, ou indirectement, à travers les organismes caritatifs comme le secours catholique ou le CCFD. Et pourtant, il y a toujours des pauvres ! Nous ne donnons sûrement pas avec ostentation ! Et il est aujourd’hui bien difficile de savoir où s’arrête le nécessaire, et où commence le superflu !
Mais donner ne se limite peut-être pas au matériel, et en particulier à l’argent ! Il devient aujourd’hui difficile de donner de son temps. Des personnes s’engagent sans compter pour servir les autres. Pour certaines, il faut même parfois leur faire remarquer qu’elles prennent un peu trop sur le nécessaire et négligent leur équilibre de vie... D’un autre côté, on est toujours en recherche de personnes pour assurer des services essentiels de la vie de notre paroisse...
Alors aujourd’hui, peut-être que nous pouvons simplement regarder l’offrande de la pauvre veuve comme un appel à faire toute notre part, non pour notre gloire, mais pour celle de Dieu !
Amen

Gilles Berger Sabbatel


Références des textes liturgiques :
livre des Rois, 17, 10-16 ;
Psaume 145(146) ;
Lettre aux Hébreux 9, 24-28 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 12, 38-44