Paroisse Saint Loup


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Cinquième dimanche de Pâques – Année C

samedi 19 mai église de Notre-Dame-de-Commiers et dimanche 20 mai église Saint Jean-Baptiste, Vif

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »

Un mot revient à plusieurs reprises dans les lectures de ce dimanche : « nouveau ». L’Évangile est « Bonne Nouvelle » parce qu’il contient la nouveauté par excellence. Remarquons aussi comment Jésus qualifie de « nouveau » un commandement ancien qui était connu depuis Moïse. En effet, il est « ancien » selon l’Écriture car il avait été donné par Dieu depuis longtemps. En revanche, il est « nouveau » selon l’Esprit, car la force de le mettre en pratique n’est donnée qu’avec le Christ. Ce qui est nouveau naît de Dieu. Il ne suffit pas de naître de sa mère. Il faut encore naître de nouveau selon l’Esprit. Cet avènement de la grâce dans l’humanité est celui de l’amour divin dont les deux commandements sont l’expression parfaite. Il est merveilleux de prendre le temps de méditer sur la vie du Christ, cette éternelle nouveauté qui surgit sans cesse au cœur de nos vies terrestres si précaires. Toute naissance est une nouveauté et la mort chrétienne peut devenir une naissance définitive. C’est la raison pour laquelle l’Église appelle dies natalis le jour de la mort terrestre des saints, qui est le jour de leur véritable naissance.
Dans la première lecture, nous voyons Paul présider à l’organisation des églises locales. Après avoir jeûné et prié, c’est lui qui nomme les Anciens comme responsables de ces Églises. Présent, il les exhorte à affronter les épreuves ; absent, il les conforte par des lettres.
Le psaume CXLIV fait partie de ces derniers psaumes qui ne sont plus que louange. C’est le chant de l’éternité et c’est à nous d’ouvrir « la porte de la foi » sur la gloire en proclamant la bonté de Dieu, c’est-à-dire l’éclat de son règne éternel.
Dans la deuxième lecture, nous entendons parler pour la première fois de Celui qui siège sur le trône : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Il faut un ciel nouveau et une terre nouvelle pour célébrer les noces de l’Agneau avec l’humanité rachetée et sauvée.
Et dans l’évangile, une question vient spontanément : pourquoi Jean appelle-t-il « nouveau » le commandement de l’amour fraternel ? Parce que nous pouvons le vivre dans la grâce du baptême avec la plénitude nouvelle de l’amour sans mesure du Christ.
« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. » Il serait une altération grave de se limiter à dire que le commandement nouveau du Seigneur serait simplement « aimez-vous les uns les autres ». En rester là revient à réduire la Parole du Christ à un slogan quelconque et efface surtout la nouveauté profonde que cette Parole constitue par rapport à l’amour fraternel, cet amour mutuel déjà exigé au temps de la Première Alliance : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique XIX, 18). Le commandement nouveau du Christ à la dernière Cène a donné une autre dimension à cet amour, un autre visage : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est-à-dire que, non seulement nous devons nous aimer mutuellement, mais que nous devons nous aimer d’un amour christique. Qu’est-ce que l’amour christique ? La réponse peut sembler bien simple. Il n’y a pas si longtemps, nous avons fêté Pâques, nous avons compris que l’amour du Christ réside intégralement dans le Mystère de la Croix. Le Seigneur a donné sa vie pour le rachat du monde. C’est une bonne réponse, mais elle ne dit pas tout. Certes, Notre-Seigneur nous a aimés jusqu’à faire de sa vie notre rançon sur la Croix ; cependant, en offrant ce sacrifice suprême, il a d’abord accompli la volonté du Père. « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. » (Jean III, 16).
Notre-Seigneur portait toujours sa Mission dans son cœur. Il dit Lui-même : « je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean V, 30). Quelle est donc la volonté du Père, sinon de donner la vie de son Fils afin que l’homme, blessé par le péché, soit rétabli dans son Corps crucifié ? « Le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps […] alors j’ai dit : ‘voici, je viens […] pour faire ta volonté’ » (Hébreux X, 5-7) ; cette ferme obéissance résonne dans la prière du Seigneur lors de sa très sainte agonie : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » (Luc XXII, 42). « Faire la volonté du Père », tel est le sens du sacrifice de la Croix, tel est aussi la signification du commandement nouveau ! A l’heure où Judas sortit, c’était la nuit et ce fut le moment le plus ténébreux de toute l’histoire sainte. Et pourtant ce fut aussi l’Heure de la glorification. « Ma vie, personne ne la prend, c’est moi-même qui la donne » (Jean X, 18). La gloire de la Croix est le don de la vie offert en toute liberté, et le chrétien, en recevant le salut, est appelé à cette même glorification.
Le Christ nous a aimés puisque telle est la volonté de son Père ; nous devons nous aussi aimer les frères que le Seigneur nous a donnés, puisqu’ils sont d’abord les enfants bien-aimés de Dieu. Et les aimer, cela est la volonté de « Notre Père qui [est] aux Cieux » ! Que ta volonté soit faite dans notre vie, par notre amour. Ce faisant, nous nous unissons à l’amour filial du Fils au Père, et nous devenons des fils dans le Fils. Et n’est-ce pas cela notre vocation chrétienne ?

Père Thibault NICOLET


Références des textes liturgiques : Actes des Apôtres XIV, 21b-27 Psaume CXLIV (CXLV) Livre de l’Apocalypse XXI, 1-5 Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean XIII, 31-33a. 34-35