Paroisse Saint Loup


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Homélie pour la Solennité de l’Ascension du Seigneur, Année A

21 mai 2020

L’au revoir – Loin des yeux, près du cœur !

Les apôtres sont à l’heure du rendez-vous fixé par le Christ Seigneur. Avant son départ pour la gloire, il a choisi la montagne pour ce dernier moment familial. Et le voici à présent et en majesté devant les apôtres avec sa belle taille, sa barbe et ses cheveux longs, son sourire, sa voix, et cette tunique sans couture, pourtant jouée aux dés à l’ombre du calvaire. C’est un autre homme, toutefois reconnaissable, avec un je ne sais quoi de plus céleste. Les apôtres en ont conscience et se prosternent en tirant à bout portant sur le doute, ravageur de confiance. Jésus fait un pas en avant. Le silence est ardent. La solennité enveloppe son être et les mots prononcés dévalent en testament. En premier lieu, le Christ rappelle l’étendue de ses biens : tous les univers !
Puis il récapitule son propre destin de Messie pour que la jeune Eglise soit bien convaincue de son identité divine. L’ordre d’enseigner et de baptiser est alors lancé jusqu’à la fin des temps, assorti d’une double promesse : sa présence invisible aux côtés de ses enfants et la venue revigorante de l’Esprit de Dieu. Enfin, le Christ bénit les siens, fait quelques pas en arrière, puis disparaît. La joie inonde les cœurs si densément qu’ils s’en iront chantant, fiers du Père, du Fils et du Saint-Esprit, partout où les hommes ont besoin de lumière et de soulagement.
L’Eglise doit révéler par sa démesure d’amour et la saveur de sa prédication la beauté du plan divin et offrir les secours de la grâce à toutes les âmes bien ou mal nées. Le baptême est le renvoi de l’homme à l’Amour créateur, rédempteur de la médiocrité, laquelle en sauvageonne menace toujours l’avenir de la bonté. Il me plaît d’imaginer qu’un torrent de bonheur submerge le cœur de Dieu quand il voit de loin, mais de si près, aux baptistères des villes et des villages, un filet d’eau s’en aller sur des fronts ! Aussi, travaillons à sa joie ; ne le décevons pas ; ouvrons les écluses ; baptisons sans conditions ni précautions, petits et grands ! Oui, rendons-lui la vie de ceux qui lui appartiennent !
Une poignée d’années avant Jésus-Christ, le poète latin Properce osait empoisonner le cours de l’amour en jetant au visage des siècles cette pensée devenue proverbe : « Loin des yeux, loin du cœur. » Faut-il lui pardonner cette courte vision ? Bien sûr, d’autant plus que l’apprenti poète n’avait alors que vingt ans, blessé sans doute en plein cœur sous l’éloignement d’un lien pourtant prometteur. Son âme griffée par l’abandon prit alors le parti de légiférer pour tous les temps, trompant l’humanité sur la beauté de l’amour dont la nature est de persister… malgré tout ! Notre Christ, qui de plus est l’inventeur de l’amour, aujourd’hui invisible, j’en conviens, mais ô combien vivant, nous oblige donc à renverser la vapeur : « Loin des yeux, près du cœur ! » Mais croyons-le, Bon Dieu de Bon Dieu !
Belle Fête de l’Ascension à tous !

T. N.

Références des textes liturgiques : Livre du Livre des Actes des Apôtres I, 1-11 Psaume XLVI (XLVII) Epître de saint Paul Apôtre aux Ephésiens I, 17-23 Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XXVIII, 16-20