2008
23 septembre 2008
Homélie du 21 septembre 2008 à Vif
Chers amis,
C’est pour moi une grande joie de célébrer le jour du Seigneur au milieu de vous, à l’occasion du baptême de Sixtine, mon arrière petite nièce. C’est aussi une première.J’espère qu’elle ne vous décevra pas.
Le baptême va introduire Sixtine dans la famille de Dieu. Une famille, on sait ce que c’est : c’est une communauté centrée sur la transmission de la vie. D’abord, il faut que la vie surgisse, puis il faut qu’elle se développe sous la responsabilité des parents, enfin qu’elle se communique. Elle le fera lorsque les enfants à leur tour fonderont une famille, Elle le fera aussi tout autant par le rayonnement et l’engagement des membres de la famille. La qualité de la vie de relations à l’intérieur de la cellule familiale va enrichir la vie sociale en façonnant des personnes responsables ayant appris à penser aux autres.
L’Eglise est la famille des enfants de Dieu, qui dépasse les frontières de notre église catholique. C’est une famille née de la famille divine qui en est la source. Sa vie comme son surgissement découlent de la puissance d’aimer vécue du Père au Fils dans l’Esprit Saint. Et cela demeure le grand secret de Dieu : Dieu n’est qu’Amour. En Jésus, Il a fait couler sa vie dans un homme, qui est aussi son Fils pour que cette vie se communique à tous ceux qui auront le cœur ouvert pour l’accueillir.De là est née l’Eglise. Et nous entrons dans l’église par le Baptême.
L’eau, a des qualités naturelles : elle lave , elle constitue l’essentiel de notre organisme et nous devons la boire sous peine de mourir, et ce n’est qu’une partie de ses possibilités. A cause de Jésus et de sa parole, l’eau du baptême acquiert des qualités surnaturelles, comme le pain après les paroles du Seigneur au cours de la messe. Elle nous communique la vie de Dieu, l’Esprit de la famille de Dieu, l’Esprit qui fait de nous des fils et des filles de Dieu. Un peu comme au baptême de Jésus où le Père en envoyant sur lui l’Esprit-Saint lui a déclaré : « Tu es mon enfant bien-aimé en qui j’ai mis tout mon Amour. » Alors, nous sommes en droit de croire que Dieu, le jour de notre propre baptême nous a dit : « Tu es mon enfant, je t’aime. » Nous sommes devenus fils ou fille de Dieu et il est vraiment notre Père, il le restera jusqu’à la fin de nos jours malgré nos faiblesse et notre péché, Il est notre Père : nous pourrons toujours compter sur lui si nous revenons à lui de tout notre cœur.
Il faut reconnaître que notre société ne nous aide guère à vivre avec Dieu.Tant de sollicitations nous détournent d’y penser.La formation que nous donnons à nos jeunes insiste presqu’exclusivement sur les mathématiques et les techniques qui permettent de faire fontionner nos machines. Mais la formation à la pensée, qui réfléchit sur le sens ultime de la vie, la formation de la conscience, le pourquoi de ce pouvoir qui nous a été donné,est bien souvent négligée. Comme si l’intelligence du cœur comptait pour rien !
Il est difficile dans ce monde pour le vrai croyant de vivre en présence de Dieu. Il a besoin de l’expérience de l’Eglise pour cela. Il y apprendra à ne pas se laisser dérouter par le silence de Dieu, pas plus que par son insistance à nous appeler sans cesse à quitter notre tranquilité pour nous ouvrir aux autres. Il y apprendra à prier Dieu son Père à l’école des saints. Il évitera de se faire sa religion à lui, pour s’offrir à la volonté de Dieu qu’il pressent derrière l’apparence des choses. Saint Exupéry l’a si joliment exprimé : « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur. » Ce n’est que lorsqu’on accepte d’être dépendant de lui comme l’eau de la rivière est dépendante de la source qu’on se met à vivre de sa vie. Alors, notre baptême prend du sens. Nous avons toujours à nous convertir pour découvrir que c’est dans l’Eglise que Jésus se donne à connaître. Dans cette famille élargie aux hommes et dont il est le chef de file, au point que nous faisons corps avec Lui. Sixtine entre dans l’église aujourd’hui.
La première cellule d’Eglise, c’est la famille. Ce sera la responsabilité de ses parents,Olivier et Nathalie, de lui ouvrir l’intelligence du cœur pour découvrir la personne de Jésus-Christ, si proche et si mystérieuse. Par la qualité de leurs relations réciproques et de ce qui sera vécu en famille, ls vont lui faire découvrir la joie du don de soi par amour, la générosité. Son baptême lui donnera cette chance : porter le regard de Dieu et de sa sagesse sur la vie. Un regard qui se pose avec tendresse sur chacun et en même temps qui embrasse toute l’histoire. Une sagesse souvent déroutante pour nous car elle inclut la croix. Oui, les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées.
La parabole de ce jour en est une illustration ! Il ne s’agit pas d’un traité de justice sociale. L’Eglise a abondamment rappelé la nécessité d’un juste salaire. Il s’agit comme le dit le père de famille de traduire en histoire la générosité de Dieu. Il s’agit de l’attitude de Dieu à l’égard de tous. Les derniers comme les premiers sont l’objet du même amour. Dieu aime tous les hommes d’un même amour : Jésus nous a prévenu : Il aime les méchants comme les bons. Il n’a de haine envers personne . Ce qu’Il hait, c’est le mal, le péché qui abîme ses enfants et qui les rend aveugles au point de les couper de Dieu et des autres par la même occasion. Sur la croix, il a refusé la vengeance. Et a continué d ‘aimer. Il est vrai qu’il y a des différences entre nous. Sainte Thérèse l’a joliment expliqué : « Il y a ceux qui ont de grands verres et ceux qui ont de petits verres, mais ils seront tous remplis à ras bord et personne ne sera lésé. » Voilà comment est notre Dieu, celui auquel je crois, Celui que nous a montré Jésus, celui qui nous aime comme un père. Il n’est pas dit que nous n’aurons pas à souffrir, car l’amour n’est pas toujours compris. Il peut se faire aussi que nous ayons à souffrir par notre Eglise. Jésus a eu à souffrir aussi de son propre peuple, et aussi de nous qui nous disons ses amis…et il a enduré avec patience .
Maintenant entrons dans l’Eucharistie où le Seigneur se donne pour faire de nous un seul corps.
Quand Jean-Paul II est venu en France pour la première fois, il nous a posé gravement cette question : « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? »
La question se pose à chacun d’entre nous. Que faisons-nous de la confiance que Dieu nous témoigne ? Quand Jésus a été baptisé, il s’est mis immédiatement à la tâche que son Père lui proposait : « Témoigner que Dieu notre Père nous aime absolument et définitivement. » ; C’est l’enseignement de cette parabole déroutante. Elle n’est pas un traité de justice sociale. Elle s’inscrit dans l’insistance de Jésus à nous montrer par ses actes par sa prédication que Dieu aime tous les hommes , les méchants comme les bons . Il fait pleuvoir sa pluie et briller son soleil sur tous. Ici, Dieu se montre comme celui qui veut faire profiter de sa générosité tous ceux qui aceptent de travailler pour lui. Ce pour quoi il se dérange à toutes les heures de la journée pour n’en oublier aucun. Le salaire symbolisé par la pièce d’argent, ce sera Lui qui va se donner en nous ouvrant pour l’éternité son cœur. C’est là au cœur de la Sainte Trinité que nous serons comblés au-dela de toute attente par l’infinie variété de son Amour. Comme le disait Sainte thérèse de l’enfant Jésus : « Il y aura ceux qui auront des grands verres, ceux qui auront des petits verres, mais ils seront tous emplis à ras bord et personne ne sera lésé »
Cette même petite Sainte disait un jour en fondant en larmes ; : » l’amour n’est pas aimé. » L’amour va se heurter à l’indifférence, aux intérêts égoïstes, en nous et dans les autres, et il devra tenir bon. C’est pourquoi le Christ a rencontré la croix. Il l’a acceptée et offerte en refusant la vengeance, fidèle jusqu’au bout à l’amour de tout homme. Dieu aime tous les hommes, il ne fait pas acception de personne. Mais il déteste le mal que nous faisons, le mal qui blesse le visage des hommes, le mal qui rend aveugle, et nous pousse à commettre l’irréparable.
Notre baptême nous engage aussi sur le chemin de l’Amour vrai. Ne refusons pas la mission de témoigner d’une autre anière de prendre les relations humaines, celle de Dieu.
Père Jung