Carême 2019
8 mars 2019
Mercredi des Cendres – Année C Mercredi des Cendres – Année C
06 mars 2019 église Saint Jean-Baptiste, Vif
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile !
Aujourd’hui, c’est un mercredi pas comme les autres. Dans le monde entier, l’Eglise commence à se préparer pour la grande fête de Pâques. Ce temps de préparation s’appelle le Carême et il va durer quarante jours. Pendant toute cette période, nous sommes invités, nous aussi, à nous préparer à fêter le Christ ressuscité. Dans l’évangile, Jésus nous apprend ce que nous devons faire pour nous préparer. Il nous invite à faire l’aumône, à prier et à jeûner et, surtout, il nous incite à le faire gratuitement, sans attendre de récompense de la part de ceux qui nous entourent, sans « publicité », à le faire simplement pour nous tourner vers le Seigneur, pour nous convertir.
Nous le savons bien, le Seigneur n’aime pas que ses disciples se comportent à la façon du monde, pour mieux se faire voir et valoir. Il n’est certes pas contre le fait que les gens nous voient prier, puisqu’il nous demande d’être une lumière visible et non pas cachée sous le boisseau, mais il ne veut pas d’une prière dont le but serait d’attirer les regards et l’attention vers nous, afin que les gens nous félicitent et nous adulent. Cela serait de la pure hypocrisie car, alors, nous nous servirions de Jésus pour notre propre gloire.
Même dans notre manière de prier, nous sommes invités à ne pas nous conduire comme ceux qui pensent que la quantité des mots supplée à la qualité du cœur. En Orient, certaines sectes issues du chiisme musulman, comme les Druzes ou les Alawites, pratiquent ce qu’ils appellent la « takiyyat ». Cela signifie pour eux qu’ils peuvent s’autoriser à dire publiquement ce qui les arrange, quitte à dire in petto que ces mots ne révèlent pas leur véritable intention. Ils peuvent s’afficher catholiques en Irlande, orthodoxes à Athènes, protestants en Suède, athées en Chine, sunnites en Arabie Saoudite ou chiites en Iran. Hélas, nombreux sont les chrétiens qui usent de cet art de la dissimulation par intérêt ! S’ils ne vont pas jusqu’à vendre le Seigneur pour trente deniers, ils n’hésitent pas à l’ignorer dans leur façon de vivre, préférant ainsi les appâts du monde à la paix du cœur et à la tranquillité de leur conscience. Devons-nous leur jeter la pierre ? Ne nous arrive-t-il pas d’agir comme eux ? Ne sommes-nous pas encore plus coupable puisque nous avons l’insigne privilège de mieux connaître le Christ et de profiter davantage de son abondante richesse et de son incomparable générosité ?
Le Christ nous a appris à travers son enseignement et sa vie que, s’il est utile et nécessaire de prier en groupe comme il l’a toujours fait avec ses apôtres, il n’est pas moins vrai que nous devons de même prier dans le temple de notre cœur, loin des regards du monde, seul à seul avec lui et son Père. Jésus nous demande, en vérité, que nous soyons en relation directe avec lui sur les deux plans : l’horizontal des détails du quotidien et le vertical dans notre vie de prière. Les monastères de moines et de moniales sont les « travaux pratiques » de cette exhortation. Ce sont des sources souterraines qui assurent au monde, dans lequel il nous demande de témoigner, des raisons d’espérer, à la manière de l’eau souterraine qui est à l’origine de la verdure des plaines et des vallées…
Et grâce au Christ, nous ne prions pas seulement : « Notre maître, notre roi »… mais « Notre Père ». Cette prière comporte une élévation vers le Père et des demandes, mais elle dépasse celles de l’Ancien Testament par lesquelles les Juifs priaient Dieu pour leur nation tout en méprisant les autres croyants. Cette prière est devenue la prière de l’Eglise, qui ne connaît ni Juifs ni païens, mais qui bénit toutes les nations (comme toutes les familles), les désirant toutes filles du même Père. En la récitant, nous pouvons nous transporter en esprit jusqu’en Terre Sainte, au Carmel du Pater, où, sur les murs du cloître, le « Notre Père » est gravé dans toutes les langues de la terre…
Cette prière que nous récitons tous les jours, nous pourrions, avec le secours du Seigneur, en faire notre charte pour ce Temps de Carême qui s’ouvre aujourd’hui. Que nous la vivions pleinement, afin qu’à notre rendez-vous final Jésus nous reconnaisse comme autant de ses fils et de ses filles et que nous l’entendions nous dire : « Mon fils, ma fille, tu es maintenant au Ciel, viens te réjouir éternellement dans mon Cœur ! »
Mon Dieu et mon Père, tu habites plus haut que notre pensée ne peut l’imaginer. En même temps tu demeures en nous. Que tout le monde te reconnaisse comme la perfection absolue et la source de toute perfection. Que ta grâce pleuve sur nous pour hâter ton règne. Ta volonté sera faite et « fête », puisque ton règne s’établit en nous et que nous t’obéissons. Donne-nous le pain qui nourrit le corps et celui qui nourrit l’âme. Pardonne-nous nos offenses, non pas dans la mesure où nous pardonnons (ce serait du marchandage), mais parce que nous pardonnons. Et que ta Providence ne permette pas que nous nous engagions dans des occasions de péché dangereuses pour notre faiblesse. Mais délivre-nous du mal physique, si douloureux et si déprimant (à moins que ta grâce ne nous conduise au parfait saint abandon), et du mal moral par ton appui, ta lumière et ton pardon.
Références des textes liturgiques : Livre de Joël II, 12-18 Psaume L (LI) Deuxième Épitre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens V, 20 – VI, 2 Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu VI, 1-6. 16-18