septembre à novembre 2017
13 septembre 2017
Vingt-troisième dimanche du Temps Ordinaire – Année A
S 09 et D 10 septembre 2017 église Saint-François de Sales des Saillants-du-Gua et église Saint Jean-Baptiste de Vif
« Si ton frère a commis un péché… »
Au temps de Jésus, les juifs étaient censés respecter 613 lois religieuses. De nos jours, dans l’Église catholique, le code de droit canonique comporte 1752 règles.
Jésus a tout simplifié. Selon lui, il n’existe qu’une règle fondamentale : aime Dieu et ton prochain. Paul dit aux Romains que « le plein accomplissement de la loi, c’est l’amour ». Aujourd’hui, nous avons des milliers de lois. Et pourtant, la plupart des gens les ignorent et les enfreignent. En vérité, nous n’aurions pas besoin de tant de lois si nous obéissions à la loi de l’amour. Nous devrions adopter un « code de conduite universel » qui pourrait être affiché en tout lieu dans le monde entier. Il dirait : « Ce qui vous est odieux, ne l’imposez pas à votre prochain. Là est toute la loi – le reste n’est que commentaire. »
Le Christ continue ici à édifier son Église. C’est comme une charte qu’il établit pour elle. Après avoir concédé à Pierre certains pouvoirs, il les étend aux autres apôtres qui, avec lui comme chef, seront les piliers de la future Église qui naîtra à la Pentecôte. Qu’est-ce qui fera l’unité entre eux ? Le Nom du Seigneur. Dans la Bible, le nom est l’expression même de la personne. L’Église ne sera pas un rassemblement quelconque de croyants ou l’addition de plusieurs personnes, ce sera une communauté réunie au nom de Jésus-Christ, c’est-à-dire en Lui, vivant de son enseignement et le plus possible en conformité avec lui. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », nous dit le Seigneur avec assurance. C’est dire que ce ne sont plus les préjugés ou les opinions de chacun qui prévalent, mais l’Esprit de Jésus. C’est ce qui rend efficace la prière de l’Église car elle devient SA prière. Échange d’amour avec son Père dans lequel les croyants, rassemblés dans la même foi, sont entraînés.
Parce qu’Il nous promet d’être toujours avec nous, de nous assister de son Esprit si nous avons le désir de marcher à sa suite avec nos frères en Église, nous comprenons alors mieux le sens de ses paroles concernant la correction fraternelle.
Elle faisait partie du règlement de la plupart des communautés païennes, était même inscrite dans le Lévitique, mais la démarche était peu souvent accomplie. Tant se vérifie ce que disait Proudhon : « Les lâches humains ont plus peur de dire une petite vérité à un homme que de se battre avec lui ». Or voici que Jésus restaure cette coutume dans un esprit d’amour. Il veut nous prévenir contre toute exclusion brutale de l’un des membres de la communauté.
Mais comment aborderons-nous le frère qui nous a fait du tort ? Au nom de quoi devrons-nous aller le voir au lieu d’attendre qu’il vienne avouer sa faute ? La justice n’en sera-t-elle pas bafouée ? Nous pouvons trouver dans l’Évangile beaucoup d’exemples de la façon d’agir du Seigneur. L’attitude, par exemple, du bon berger à l’égard de la brebis égarée ou bien celle du père du fils prodigue nous donnent la marche à suivre, à l’école du Cœur de Jésus. Taire notre déception et notre amertume laisse une porte ouverte à l’autre, l’important étant de maintenir le frère dans la communauté des croyants. Lui tendre la main est une exigence d’amour. Il ne s’agit pas ici de minimiser ou de nier la faute commise. Ce serait vouloir user de séduction ou de démagogie, qui se révèlent comme une forme de domination de l’autre. Non, il nous faudra avoir à son égard le respect et la discrétion d’un amour authentique qui ouvre les bras pour pardonner sans juger.
Scrutons encore l’Évangile : comment le Seigneur accueille-t-il Judas venu Le livrer par un baiser ? Il l’appelle : « Ami ! ». Cette parole n’a pas pu ne pas résonner en lui quand il a repensé à son geste. Et Pierre, qui Le renie alors qu’Il va être mis à mort, Jésus le regarde. Dans ce regard, il lit toute l’intensité de son pardon qui le fait fondre en larmes de repentir. Face à ses ennemis, à ceux qui vont décider de sa mort, Il n’ouvre pas la bouche, non par lâcheté bien sûr, mais par humilité. Son silence est bien plus éloquent que tout ce qu’Il aurait pu dire qu’ils n’auraient pas compris. Pas de haine dans son cœur, pas de rancune.
Quand nous méditons son exemple, nous voulons plutôt nous anéantir dans un océan de miséricorde et nous sommes remplis de gratitude. Aide-nous, Seigneur, à être à Ton image ! Entreprise surhumaine ! Mais le Christ n’a-t-Il pas dit : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » ? Nous comptons sur le regard de Jésus, sur son sourire, sur sa main, source d’apaisement, sur sa parole, sur sa présence pour nous transformer. Nous sommes des feuilles blanches entre les mais du Seigneur. De grâce, fais-nous TOI ! Jésus peut tout. Alors qu’attend-Il ? Nous sommes prêts.
Notre-Seigneur nous promet aussi d’être au milieu de nous, c’est-à-dire en nous, dès que nous serons deux ou trois à prier. Cette efficacité de la prière en commun fait des miracles. Comme Il a raison de nous la recommander ! En famille, elle soude parents et enfants comme les branches à l’arbre. En paroisse, elle nous fait goûter le Ciel, surtout si elle est précédée ou suivie par un tête-à-tête avec le Christ. Là, le cœur s’épanche en toute liberté, en toute vérité et l’osmose s’opère naturellement.
Cette prière familiale ou paroissiale est un rappel constant à l’humilité et elle nous rappelle constamment que nul n’est juge, sinon Dieu. Mais il arrive qu’un frère soit fautif… Comment réagir ? Haïr le vice et aimer le frère ! Il ne s’agit donc pas de dénigrer son frère en son absence, mieux vaut clarifier charitablement les faits avec lui. Vérifier que notre imagination ne lui prête pas de fausses intentions et l’aider à prendre conscience de la blessure qu’il a causée. Lui tendre une main secourable. Peut-être sera-t-il prudent de demander de l’aide ? Saint Benoît propose d’envoyer des sages auprès du fautif pour le réconforter, affermir en lui la charité. Tous n’ont pas reçu la même responsabilité envers autrui. Il y a les pasteurs, responsables de communautés, il y a les parents qui ont charge d’aider leurs enfants à reconnaître et choisir le bien. Et quand tous les remèdes humains ont été employés, il reste encore la prière. Dieu nous demandera un jour : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Seigneur, c’est au cœur de la charité fraternelle que nous Te trouvons. Donne-nous d’avoir un regard d’avocat et non de juge pour nos frères car nous sommes pécheurs nous aussi. Envoie-nous ton Esprit pour qu’en Toi se réalise l’unité des esprits et des cœurs !
Références des textes liturgiques :
Ézéchiel XXXIII, 7-9 ;
Psaume XCIV (XCV) ;
Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains XIII, 8-10 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XVIII, 15-20.