Paroisse Saint Loup


Sommaire > Vie de la paroisse > Homélies > Archives > 2020 > Juin à Novembre 2020 > Vingt-troisième dimanche du Temps Ordinaire Année A

Vingt-troisième dimanche du Temps Ordinaire Année A

D 06 septembre 2020 église Saint Jean-Baptiste de Vif

Je ferai de toi un guetteur pour la maison d’Israël

Avant d’en venir plus précisément au contenu des textes de la Parole de Dieu du jour, je tiens à souligner la si belle promesse du Christ : « Je suis au milieu de vous », ce qui correspond au nom Emmanuel, Dieu avec nous (Matthieu I,23). Lors de l’envoi des apôtres en mission, Jésus les assure de sa présence tous les jours jusqu’à la fin du monde (Matthieu XXVIII,20). Sachons prendre conscience de cette présence du Christ dans nos multiples réunions d’organisation pastorale. Dépassons les points de vue trop humains qui provoquent souvent des oppositions stériles pour entendre le Christ qui nous parle à travers les autres et qui nous invite à rejoindre ceux qui sont plus loin.
« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » Avec le psaume de ce dimanche, nous sommes appelés à nous exhorter mutuellement à ouvrir notre cœur à la voix du Seigneur, en vue d’être des brebis qui écoutent leur pasteur et le suivent.
Le chrétien ne doit avoir qu’une seule dette, celle de l’amour mutuel, accomplissement parfait de la loi dont saint Paul rappelle les commandements dans la deuxième lecture.
Le discours ecclésiastique de Matthieu XVIII de cette page d’évangile est un recueil d’exhortations pour la vie en communauté. La communion entre ses membres fragiles et pécheurs s’affermit par la correction fraternelle, le pardon et la prière faite au nom de Jésus.
Mais ce qui retient tout spécialement mon attention dans la liturgie de la Parole de ce dimanche est le texte du Prophète Ezékiel. Celui-ci nous rappelle que le rôle d’un guetteur est d’avertir de l’approche de l’ennemi, du malheur. Ici, le prophète veilleur doit prévenir le méchant de la mort qui l’attend s’il ne se convertit pas. Dans l’évangile, Jésus confie à ses disciples la même responsabilité du salut d’autrui.
Guetteur, une expression heureuse pour qualifier la mission du prophète. Dans des villes anciennes, on montre encore la tour du guetteur chargé de scruter l’horizon et de donner l’alarme lorsque le feu se déclarait quelque part ou lorsque l’ennemi approchait et qu’il fallait fermer les portes. Comme nous avons encore besoin aujourd’hui de guetteurs avisés sachant discerner les menaces pesant sur nos sociétés et inviter au sursaut nécessaire ! Notre pape François n’y manque pas ! C’est le devoir de tous ceux qui contribuent à former l’opinion publique de répercuter ces avertissements, veillant à les adapter aux circonstances locales.
Le guetteur n’aurait-il que des mauvaises nouvelles à annoncer ? Ouvrant le Concile Vatican II, Saint Jean XXIII mettait en garde contre les prophètes de malheur ne voyant que le négatif. Il faut savoir aussi discerner le positif, à la manière d’Isaïe : « Voici que moi je vais faire du neuf qui déjà bourgeonne : ne le reconnaîtrez-vous pas ? » (Isaïe XLIII, 15).
Auprès des exilés, Ezékiel a exercé la fonction de conseiller spirituel, pour guider ses auditeurs sur la voie de la conversion. Dans le discours fixant les règles de vie en communauté, Matthieu rapporte quelques directives qui demandent explication : « Si ton frère vient à pécher… » L’application est possible dans une communauté de base où tout le monde se connaît et se soutient. Pratiqué sans tact ni discernement, la correction dite « fraternelle » ne peut que conduire à des impasses. En revanche, dans une révision de vie pratiquée en équipe, les uns et les autres peuvent s’aider à trouver la voie juste. « Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux. »
Et j’envisage d’autres contextes : dans le domaine éducatif, parents et professeurs, ce que l’on appelle aujourd’hui « la communauté éducative », doivent aider les jeunes à progresser, et cela non pas par des reproches qui découragent, comme « Tu n’es bon à rien », mais plutôt par des encouragements s’appuyant sur de petits progrès constatés.
A notre époque où la vie des couples est si fragilisée, comme il est important que des amis puissent intervenir discrètement en permettant un temps de détente où le dialogue pourra s’instaurer entre conjoints ? Le rôle des conseillers conjugaux est d’une grande importance et il faut toujours encourager les personnes qui se sentent appelées à remplir cette mission.
La sentence d’exclusion nous semble bien dure mais je tiens à rappeler qu’elle vise une situation extrême. L’évangéliste a d’ailleurs pris soin de la faire précéder de la parabole du bon pasteur qui ramène la brebis égarée (Matthieu XVIII, 10-14). Tout doit être fait pour faciliter le retour, dans ce climat d’amour et de bienveillance, sommet de la loi, ainsi que le rappelle saint Paul. Un amour qui ne s’irrite pas, qui n’entretient pas de rancune, qui excuse tout, qui espère tout, qui endure tout (cf. 1 Corinthiens XIII, 5-7).

Père Thibault NICOLET

Références des textes liturgiques :
Livre du Prophète Ezékiel XXXIII,7-9 ; Psaume XCIV (XCV) ;
Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains XIII, 8-10 ;
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu XVIII, 15-20